Ce mois-ci, nous vous proposons de lire un extrait du livre Traité sur la réintégration des êtres, publié par la Diffusion Rosicrucienne. Il a été écrit par Martinés de PASQUALLY.
Avant le temps, l'immensité divine.
Avant le temps, Dieu émana des êtres spirituels, pour sa propre gloire, dans son immensité divine. Ces êtres avaient à exercer un culte que la Divinité leur avait fixé par des lois, des préceptes et des commandements éternels. Ils étaient donc libres et distincts du Créateur et l'on ne peut leur refuser le libre arbitre avec lequel ils ont été émanés, sans détruire en eux la faculté, la propriété et la vertu spirituelle et personnelle qui leur étaient nécessaires pour opérer avec précision dans les bornes où ils devaient exercer leur puissance. C'était positivement dans ces bornes où ces premiers êtres spirituels devaient rendre le culte pour lequel ils avaient été émanés. Ces premiers êtres ne peuvent nier ni ignorer les conventions que le Créateur avait faites avec eux, en leur donnant des lois, des préceptes et des commandements, puisque c'était sur ces conventions seules qu'était fondée leur émanation.
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Dieu, créateur de tout.
On demandera ce qu'étaient ces premiers êtres avant leur émanation divine, s'ils existaient ou s'ils n'existaient point. Ils existaient dans le sein de la Divinité, mais sans distinction d'action, de pensée et d'entendement particulier. Ils ne pouvaient agir ni sentir que par la seule volonté de l'Etre supérieur qui les contenait et dans lequel tout était mû ; ce qui, véritablement, ne peut pas se dire exister. Cependant cette existence en Dieu est d'une nécessité absolue, c'est elle qui constitue l'immensité de la puissance divine. Dieu ne serait point le père et le maître de toutes choses, s'il n'avait innée en lui une source inépuisable d'êtres qu'il émane par sa pure volonté et quand il lui plaît. C'est par cette multitude infinie d'émanations d'êtres spirituels hors de lui-même qu'il porte le nom de Créateur et ses ouvrages celui de création divine spirituelle et animale spirituelle temporelle.
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A quatriple essence divine,
quatre classes de premiers esprits émanés.
Les premiers esprits émanés du sein de la Divinité étaient distingués entre eux par leurs vertus, leurs puissances et par leurs noms. Ils occupaient l'immense circonférence divine appelée vulgairement Domination et qui porte son nombre dénaire selon la figure suivante : 1, et c'est là que tout esprit supérieur 10, majeur 8, inférieur 7 et mineur 3 devait agir et opérer pour la plus grande gloire du Créateur. Leur dénomination, ou leur nombre, prouve que leur émanation vient réellement de la quatriple essence divine. Les noms de ces quatre classes d'esprits étaient plus forts que ceux que nous donnons vulgairement aux chérubins, séraphins, archanges et anges, qui n'ont été émancipés que depuis. De plus, ces quatre premiers principes d'êtres spirituels avaient en eux, comme nous l'avons dit, une partie de la Domination divine, une puissance supérieure, majeure, inférieure et mineure, par laquelle ils connaissaient tout ce qui pouvait exister ou être renfermé dans les êtres spirituels qui n'étaient point encore sortis du sein de la Divinité. Comment, dira-t-on, pouvaient-ils avoir connaissance des choses qui n'existaient pas encore distinctement et hors du sein du Créateur ? Parce que ces premiers chefs émanés au premier cercle, nommé mystérieusement cercle dénaire, lisaient clairement et avec certitude ce qui se passait dans la Divinité, ainsi que tout ce qui était contenu en elle-même. Il ne doit point y avoir de doute sur ce que je dis ici, étant bien convaincu qu'il n'appartient qu'à l'esprit de lire, de voir et de concevoir l'esprit. Ces premiers chefs avaient une connaissance parfaite de toute action divine, puisqu'ils n'avaient été émanés du sein du Créateur que pour être témoins face à face de toutes ses opérations divines et de la manifestation de sa gloire.
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Conséquences nécessaires de la prévarication des chefs spirituels divins.
Ces chefs spirituels divins ont-ils conservé leur premier état de vertu et puissance divine après leur prévarication ? Oui, ils l'ont conservé, par l'immutabilité des décrets de l'Eternel, car si le Créateur avait retiré toutes les vertus et puissances qu'il a mises réversibles sur les premiers esprits, il n'y aurait plus eu d'action de vie bonne ou mauvaise, ni aucune manifestation de gloire, de justice et de puissance divine sur ces esprits prévaricateurs. On me dira que le Créateur devait bien prévoir que ces premiers esprits émanés prévariqueraient contre les lois, préceptes et commandements qu'il leur avait donnés et qu'alors c'était à lui de les contenir dans la justice. Je répondrai à cela que, quand même le Créateur aurait prévu l'orgueilleuse ambition de ces esprits, il ne pouvait, d'aucune façon, contenir et arrêter leur pensée criminelle sans les priver de leur action particulière et innée en eux, ayant été émanés pour agir selon leur volonté et comme causes secondes spirituelles, selon le plan que le Créateur leur avait tracé. Le Créateur ne prend aucune part aux causes secondes spirituelles, bonnes et mauvaises, ayant lui-même appuyé et fondé tout être spirituel sur des lois immuables. Par ce moyen, tout être spirituel est libre d'agir selon sa volonté et sa détermination particulière, ainsi que le Créateur l'a dit lui-même à sa créature, et nous en voyons tous les jours la confirmation sous nos yeux.
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Genre de la prévarication des premiers esprits et leur punition.
Si l'on me demande quel est le genre de prévarication de ces esprits, pour que le Créateur ait usé de force de lois divines contre eux, je répondrai que ces premiers esprits n'étaient émanés que pour agir comme causes secondes, et nullement pour exercer leur puissance sur les causes premières, ou l'action même de la Divinité. Puisqu'ils n'étaient que des agents seconds, ils ne devaient être jaloux que de leurs puissances, vertus et opérations secondes, et non point s'occuper à prévenir la pensée du Créateur dans toutes ses opérations divines, tant passées que présentes et futures. Leur crime fut d'avoir voulu condamner l'éternité divine ; secondement, d'avoir voulu borner la toute-puissance divine dans ses opérations de création et, troisièmement, d'avoir porté leurs pensées spirituelles jusqu'à vouloir être créateurs des causes troisièmes et quatrièmes qu'ils savaient être innées dans la toute-puissance du Créateur, que nous appelons quatriple essence divine. Comment pouvaient-ils condamner l'éternité divine ? C'est en voulant donner à l'Eternel une émanation égale à la leur, ne regardant le Créateur que comme un être semblable à eux, et qu'en conséquence il devait naître d'eux des créatures spirituelles qui dépendraient immédiatement d'eux-mêmes, ainsi qu'ils dépendaient de Celui qui les avait émanés. Voilà ce que nous appelons le principe du mal spirituel, étant certain que toute mauvaise volonté conçue par l'esprit est toujours criminelle devant le Créateur, quand bien même l'esprit ne la réaliserait point en action effective. C'est en punition de cette simple volonté criminelle que les premiers esprits ont été précipités par la seule puissance du Créateur dans des lieux de sujétion, de privation et de misère impure et contraire à leurs êtres spirituels qui étaient purs et simples par leur émanation, ce qui va être expliqué.